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Xelias
19 février 2007

Du sexe, enfin ! (Plus laide la vie, I,5)

Je laisse les Schmidt manger en silence leur poulet-frites et je vais voir ce que devient le jeune homme à la doudoune blanche. Je le retrouve dans le tram (direction Elsau), un sac plein de pâtisseries au bout du bras. Kevin Dorgler, 19 ans, vendeur dans un magasin de vêtements des Halles - logé dans le quartier Ste Aurélie entre les putes du boulevard de Nancy et les skaters du parvis du Musée d'Art Moderne. Arrêt Faubourg National : il sort du tram, évite la bande de clochards assis sur le banc de l'abribus, se dépêche de rentrer chez lui. Le stress et l'excitation lui font réajuster sa chemise noire sous sa veste, vérifier que sa crête vitrifiée au gel est toujours en place et suçoter une pastille pour faire passer le goût du vin chaud. Kevin sourit. Comme il l'espérait, il y a quelqu'un au pied de son immeuble : un beur d'environ 25 ans, solide gaillard de deux têtes de plus que Kévin, belle gueule, bien foutu (ses muscles saillent sous sa veste en cuir) - mais lui n'a pas l'air content. Encore moins quand Kévin, se présentant par un jovial "Désolé je suis en retard ça va ?", s'élance au plus haut que lui permet la pointe de ses pieds pour l'embrasser sur la bouche. L'autre le repousse et recule d'un pas : "- Non mais t'es ouf ou quoi ? Tu te crois où ? Déjà tu te pointes avec une demi-heure de retard et là, ça y est, tu veux m'embrasser en pleine rue ? T'es tombé sur la tête ou quoi ? - Rôô ça va, y'a personne, c'est pas grave. - Tu me fais encore une fois ce coup-là et tu me revois plus !" Kévin hausse les épaules et ouvre la porte d'entrée. L'appartement se situe tout de suite à gauche dans l'entrée juste après les boîtes aux lettres. Les fenêtres donnent directement sur la rue : c'est un inconvénient mais c'est aussi la raison pour laquelle le loyer est abordable. Car c'est un grand appartement : long couloir un peu sombre donnant sur la pièce centrale, qui est moins une pièce que l'espace laissé par les autres chambre; grande cuisine; porte-fenêtre ouvrant sur la cour intérieure; dressing un peu petit mais très pratique; et deux chambres immenses. Kévin enlève ses chaussures. "- Morad, tu peux enlever tes shoes s'il te plaît ? - Mourad, c'est Mourad, putain. T'es pas capable de retenir un prénom ?" Le regard sombre de Mourad scrute tout l'appartement une pièce après l'autre. Sa démarche souple ondule comme celle d'un guépard. La nuque tendue, il renifle les lieux comme un animal dans son nouveau repaire - sûr de sa force mais prudent. Kévin l'observe un instant puis se blottit contre sa veste en cuir. Le bras musclé se referme sur sa proie. Kévin lève la tête vers son homme : "- Alors tu le trouves comment ?" - Quand je pense que j'ai grandi à 6 dans un HLM deux fois plus petit que ça. Tu te fais pas chier, on vois que t'as des parents friqués derrière toi ! - Genre ! Tu dis n'importe quoi ! J'ai donc quitté la maison il y a un an, mes parents ils ne me donnent rien du tout. je travaille, j'te rappelle. En plus d'abord cet appartement il est pas cher et en plus on est en collocation. - Mouais, fit Mourad peu convaincu. Ton colloc il est pas là ? - Nan il rentre plus tard, il passe ses journées dans les cafés. - Ah. - Sa chambre, c'est celle du fond et là, c'est la mienne. Tu veux voir ? Or do you wanna drink something avant ?" Mourad refait du regard un tour rapide de l'appartement : c'est vrai, c'est un appartement de pauvres. Tout est nu, il n'y a aucun meuble, que des cartons ou des objets posés à même le sol. Dans la cuisine, il y a quand même une vieille table et trois chaises dépareillées. Seul luxe : des bouteilles de vodka vides alignées contre le mur (les pleines doivent être dans le frigo). C'est tout. Ils entrent dans la chambre de Kévin (Mourad n'a toujours pas enlevé ses chaussures). Le décor est un peu plus chaleureux : un matelas avec des couvertures colorées, un bureau, une armoire, une chaîne hi-fi à côté d'une pile de cd et même un tapis Ikéa.Surtout, le chauffage en fonte allumé à fond répand une chaleur très agréable en comparaison avec la température glaciale du reste de l'appartement. Quelques posters accorchés aux murs, ou comment organiser la rencontre improbable de Mylène Farmer, Salvador Dali et Borkeback Mountain. Tout frétillant, Kévin se tourne vers Mourad et l'embrasse sur la bouche. Mourad relâche enfin ses muscle pour rendre à Kévin un baiser brutal et pénétrant. Il le saisit par la taille et ses mains froides glissent aussitôt sous la chemise pour se refermer sur les hanches. Un léger frisson parcourt l'échine de Kévin tandis qu'un léger sourire s'esquisse sur le visage de l'autre : " -J'espère que t'es en forme ce matin... - Yes !" Kévin est aux anges. Il se serre encore un peu plus contre le corps chaud et puissant. Très vite, ils s'allongent sur le lit qui grince un peu. Allongé sur le dos, Kévin se laisse diriger par les mains assurées de Mourad. Les doigts rendus calleux par le travail manuel ôtent brutalement la chemise noire achetées à Bigoss et arrachent même un bouton - Kévin a beau aimer la force un peu brutale, il aurait préféré s'éviter ce désagrément. Mais l'arabe, tout à son désir, ne s'embarrasse d'aucune formalité et continue à dépouiller le jeune blanc de ses vêtements. Les deux corps, encore ignorants des habitudes de l'autres, se heurtent parfois dans des gestes contradictoires. C'est Kévin qui, dans son rôle de passif, doit se régler sans cesse sur les positions de Mourad qui semble penser que sa manière de faire l'amour est la seule imaginable. Le corps fin et pâle se redresse pour un baiser sur la bouche mais l'autre esquive, s'allonge à son tour sur le dos et guide son partenaire jusqu'à lui faire comprendre ses intentions : Kévin abandonne alors la bouche et s'affaire à déboutonner le jeans. S'ensuit une scène un peu comique parce que la pantalon bloque au niveau des chevilles et qu'ils manquent de tomber du matelas mais tout retourne vite dans l'ordre. Les deux sont nus désormais. Kévin peut plonger sa tête dans l'entrejambe de Mourad, lequel, lui tenant la nuque à deux mains, ne lui laisse d'ailleurs pas le choix. Une odeur âcre caractéristique se dégage des organes et des poils - odeur qui a l'étonnante particularité de détendre l'anus de Kévin. Il est un petit peu déçu par la taille de la queue qu'il commence à sucer : c'est une belle queue circoncise d'environ 17cm, assez fine et recourbée mais il avait secrètement espéré des dimensions plus imposantes. Sa queue à lui est paradoxalement plus grande et plus large. Mourad s'en rend compte un peu plus tard, à un moment où le corps de son jeune partenaire s'offre à lui de face. Il ne dit rien mais le retourne un peu plus violemment qu'il ne l'aurai fait si cette question de taille avait tourné à son avantage. Bien que passif, Kévin aurait bien aimé se faire aussi sucer mais Mourad a ignoré toutes ses incitations. Après avoir enfilé un préservatif, Mourad pénètre Kévin méthodiquement. Un genoux posé sur le matelas, l'autre jambes reposant au sol, il s'active en tenant fermement le corps à quatre pattes devant lui. Le lit grince de plus belle, la grande masse brune domine complètement la frêle silhouette blanche. Un peu de gel mais ni doigt ni préparation : Kévin a bien essayé de lui demander d'y aller plus doucement, de tenir compte de ses sensations à lui mais en vain. La douleur passée, il se laisse maintenant submerger par le plaisir. Sentir les mains l'empoigner, les doigts rentrer dans sa chair. Les mouvements de l'autre qui deviennent ses propres mouvements. n'être plus qu'un jouet, se sentir dominé - mais aussi protégé, rassuré. N'être plus à soi, n'être plus soi - jouir de la jouissance de l'autre. Jouir de la force de l'autre, de sa queue aussi. Sentir l'organe entrer, pénétrer ses entrailles, exciter la prostate, touche autre chose encore, tout au fond, quelque chose qui arrache des cris de plaisir. La queue qui se dresse et qui tremble, électrique, prête à jouir même sans le moindre contact. Le sperme qui monte - mais plus d'autres choses aussi. Flash, réminiscences, fantasmes enfouis, sensations oubliées, corps touchés il y a des années de cela. Le tout au rythme du va-et-vient de Mourad. Soudain tout s'accélère. Cinq mouvements, pas plus, de plus en plus rapides - le souffle qui devient râle puis qui se coupe - puis cinq autres mouvements, plus longs, plus lents, plus profonds aussi, de moins en moins forts avec encore quelques soubresauts de plaisirs. Le souffle qui se relâche. Puis plus rien, c'est fini, la mâle a joui. Kévin, non : il s'est retenu, ne pensant pas que ça viendrait si rapidement. Il ne lui faudrait plus que quelques coups, juste encore un tout petit peu d'excitation pour se masturber et éjaculer à son tour... Mais non, Mourad est déjà ressorti. Exténué, affalé sur les draps, il retire délicatement le préservatif et s'essuie avec un vieux mouchoir. Puis s'endort ou presque. Kevin le regarde en silence. La queue encore lourde pend sur la cuisse luisante de sueur. Les muscles abdominaux au repos mais bien saillants sous la peau brune et lisse; la toison bouclée de la poitrine; tous les membres alanguis, les yeux mi-clos. Kévin se dit qu'il kiffe ce corps de plus en plus, il est content d'être tombé sur Mourad : les précédents étaient de loin moins bien foutus. " - T'as quelque chose à boire ? lance le corps que Kévin croyait endormi. - Quoi, maintenant ? Il fait froid dans la cuisine, faut que je m'habille et tout." Mourad ne répond pas alors Kévin souffle un grand coup, se rhabille rapidement et sort. Il a le temps d'entendre le corps allongé lui lancer : "Et arrête de souffler pour un rien, je supporte pas ça !" Il passe par la salle de bain au but du couloir, juste devant l'entrée. Il a du mal à uriner à cause de son érection, quelques jets désordonnés d'urine jaillissent puis, après un temps de réflexion, il se masturbe rapidement. Le sperme ne tarde pas à s'écraser contre le couvercle des cabinets. Quand il revient dans la chambre avec une bouteille de Coca, Mourad lui demande ce qu'il a foutu pendant tout ce temps et veut boire dans un verre. Kévin s'exécute puis se déshabille et se blottit contre les bras de son homme. C'est le premier rapport sexuel auquel j'assiste. Je ne sais pas comment ça se passe dans les autres couples mais quand je songe à la manière dont Kévin a décrit ça à ma mère et mon grand-père, ça me paraît un peu bizarre, pour un début d'histoire d'amour. J'imaginais cela plus romantique.
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Commentaires
K
Bon, ben j'ai envie de dire : un plan Q banal quoi. Il y en a quasi toujours un qui prend plus son pied que l'autre. La lope et le macho, c'est peu etre stéréotypé, quoique.... J'adore cette série de textes, c'est assez humoristique, car suffisament distancé je trouve. Très très bien<br /> (je confirme : Alice ets une salope, suffit de regarder son oeil lubrique, sa bouche à pipe et sa manière de faour "hohou big black horse and the cherry tree" quand elle tortille du cul)
X
Tu peux déjà commencer par te demander comment un foetus peut-il entendre et comprendre ce qu'il se dit autour de lui, suivre des personnages loin de sa "mère" et raconter tout cela sur un blog... <br /> <br /> Quant au stéréotype du gros actif contre le gros passif, tu remarqueras que Kévin est peut-être passif, c'est surtout Mourad qui le cantonne à ce rôle et qui l'empêche de prendre toute initiative. Avec quelqu'un d'autre, Kévin aurait sûrement été plus actif - ou plus "réciproque".
@
Ah oui et sinon j'ai repéré un autre truc lol... A la fin le foetus dit donc qu'il n'a jamais vu de sexe ni d'amour, or il semble connaître la signification du *romantisme*. Mais comment cela est-il possible? (a)
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J'en étais sûr ;) Ca manquait de sexe par ici ^^ Bon je trouve cependant que c'est un peu stéréotypé tout ça. Le gros actif contre le gros passif :D
Xelias
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