Conte de fées (Plu Laide la Vie, I, conclusion)

Il était une fois, il y a très longtemps, un tout petit royaume dont le roi avait une fille qui attendait un enfant d'un prince inconnu. Mais alors que le roi se réjouissait de la venue de cet héritier, la princesse, honteuse de son petit royaume, envisageait de confier le bébé à un berger qui l'emmènerait très loin pour une vie peut-être meilleure. La père ne l'entendait pas ainsi : il fit venir deux princes et une vieille princesse dans son palais et leur demanda, en échange d'une coupe de son meilleur vin, de dire, honnêtement et sincèrement, si leur vie dans son petit royaume était heureuse. Les trois de répondre aussitôt qu'ils n'avaient jamais été aussi heureux et que leur vie leur convenait parfaitement. Pour le roi, ces réponses étaient l'argument imparable, s'il en fallait un, que sa fille devait garder son enfant et l'élever pour en faire un prince magnifique. La princesse, loin d'être convaincue, aurait voulu en savoir plus. Elle ne pouvait pas quitter la Tour d'Ivoire où, en attendant qu'un deuxième prince charmant vienne la chercher - mais pour de bon cette fois - elle s'enfermait pour ne plus voir la petitesse de son royaume. Mais l'âme de son enfant, déjà vivant et encore libre de tout corps, pouvait à sa guise suivre ces deux princes et cette vieille princesse de retour dans leurs domaines. Le premier prince, qui s'était vanté d'avoir trouvé un amour pur et véritable, avait en fait rencontré un chevalier brutal et colérique qui se comportait ensuzerain alors qu'il aurait dû être son égal. La vieille princesse, qui s'était vantée de finir sa vie dans la confiance et la sérénité, risquait de devoir soutenir un mari grabataire. Et enfin, leu deuxième prince, le plus brillant, le plus orgueilleux, avait été brutalement bouleversé et humilié lors d'une rencontre avec un énigmatique inconnu. Les discours de tous ces beaux princes ne valaient donc pas grand chose face à la réalité de leur vie, et l'âme du bébé, inquiète de savoir si c'était à juste titre que sa mère le confierait à ce berger, voulut en savoir plus. FIN DU PREMIER EPISODE