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Xelias
17 février 2008

L'Affaire Amegouz (2/3)

DNA_amegouz2Je reviens le lendemain matin, je m'installe à un endroit différent de la salle pour mieux voir le siège de Lahsen Amegouz lorsqu'il arrive dans son box, entouré de deux policiers. La Cour entre. Après quelques phrases d'introduction du Président, les plaidoiries peuvent commencer. C'est l'avocat de la partie civile qui ouvre le feu, assez sobrement. Plaidoirie de l'avocat de la partie civile (extraits) Lahsen Amegouz n'a pas renoncé à reprendre la vie commune et nous avons appris hier soir comment il s'y est pris. Il va arriver à ses fins… Et alors nous arrivons là aux dernières semaines avant le drame du 29 novembre, euh, décembre 2004. Il y a quelque chose qui m'a frappé dans la déposition de Stéphane Steigli, lorsque celui-ci nous relate la conversation qu'il a eue avec Marthe Richard (la maîtresse d'Amegouz, qu'il avait rencontrée sur Internet comme Denise Stegle et qui vivait au Canada). Qu'est-ce que voulait dire ce "Tout sera bientôt fini?" que Lahsen lui a dit quelques semaines avant le drame. Lorsque s'est passé ce 29 décembre on peut se poser des questions. C'est littéralement la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Il n'y a certainement pas eu de dispute mais Mme Stegle comprend que toutes les promesses ont été vaines. Et c'est à ce moment-là qu'il va se jeter sur Mme Stegle. Les experts nous ont relaté avec grande précision la violence de ses coups. Objet contondant mais pouvant également provenir de coups répétés sur le sol. Les occupants des appartements voisins témoignent qu'il y a eu des coups répétés contre les murs cette nuit-là. Puis elle est morte d'asphyxie. Et alors, après cette scène particulièrement violente, il n'y aura aucune réaction de Lahsen Amegouz. Alors tout à l'heure, Monsieur le Président, Mesdames de la Cour, Mesdames et Messieurs les Jurés, la question qui va se poser à vous, c'est : quelle est votre intime conviction ? Lahsen Amegouz avait-il l'intention de tuer ? Cette intime conviction, moi je l'ai. Cette intention, elle résulte de quoi ? Elle résulte des précédents. Elle résulte également des dépositions… M. Amegouz est un être machiavélique, manipulateur, menteur. Il arrive à construire une version qui s'adapte à certains faits, allant jusqu'à simuler un suicide. Aujourd'hui je n'ai pour ma part aucun doute sur les véritables intentions de Lahsen Amegouz qui a sans aucun doute cherché de cette façon à mettre fin à se relation conjugale. Je voudrais terminer mon exposé par la lecture d'une autre lettre de Lahsen Amegouz à Denis Stegle, son amour défunt, pour son 60e anniversaire, en février 2005. (Il lit la lettre où M. Amegouz s'adresse directement à Denise morte pour lui dire que ce n'était qu'il n'avait pas voulu la tuer, qu'il l'aime toujours. Je me dis que c'est peut-être un moyen d'utiliser un document que la défense aurait pu prendre à son compte, pour lui couper l'herbe sous les pieds). C'est visiblement une lettre écrite pour les besoins de la manipulation, tenant de faire croire à la thèse de l'accident, il n'en est rien. M. Amegouz savait pertinemment que cette lettre serait lue et ajoutée au dossier de l'instruction. Réquisition de l'avocat général. L'avocat général est plus agité, il reste sagement derrière son bureau, debout, mais s'emporte de temps à autre sous l'effet de sa propre rhétorique. Son discours est beaucoup plus longs que celui de son prédécesseur, il reprend et englobe tous les éléments de l'affaire. Extraits. Vous allez devoir vous prononcer… C'est une tâche qui paraît aisée mais ce dossier se trouve compliqué par plusieurs éléments. Il y a eu quarante huit heures entre le crime et la découverte du corps, avec une totale disposition des lieux par l'accusé. "Faut le comprendre ! Faut l'excuser !" Et puis quoi encore ? Que faut-il faire de ses déclarations qui ne sont jamais les mêmes, qui évoluent avec opportunisme? C'est une seconde nature chez M. Amegouz, le mensonge et la dissimulation. Il a utilisé le mot de passe de la messagerie de Marthe Richard pour communiquer avec son épouse, pour démentir son alcoolisme… Et pour expliquer les trois plaies au cuir chevelu : elle est tombée trois fois. Avant d'en revenir à cet enjeu (la peine), je vous demande de bien garder en mémoire tous ces mensonges de M. Amegouz et sa nature profonde. Je partage moi aussi, non pas comme une intime conviction, mais comme une profonde conviction, qu'il avait l'intention de tuer sa femme. Alors, la vie sentimentale… la vie sentimentale, on n'y connaît pas grand chose. On peut distinguer trois composantes. C'est d'ailleurs extraordinaires, et je vous demande de bien vouloir vous en souvenir… Ensuite l'avocat général reprend la chronologie des événements.Je prends note. Amegouz rencontre sur Internet Marthe Richard en mai 2001, Denise Stegle en été 2001. Juillet 2002 : Amegouz arrive au Luxembourg auprès de Denise Stegle. Août 2002 : c'est le mariage. Noël 2002 : C'est le premier incident grave, en présence du fils et de son amie. Il dort dans la cave car il ne veut pas dormir avec un homosexuel. Mars 2003 : Denis Steigle va vivre chez une amie. Mai 2003 : Début du divorce. Octobre 2003 : Violation de domicile à répétition (Amegouz entre par effraction chez Mme Stegle, laisse des bouteilles vides..) Denise se réfugie à nouveau chez une amie, puis à Strasbourg dans sa famille. 6 ou 7 hospitalisations d'Amegouz pour ivresse aiguë sur fond de dépression avec violence. Scène d'étranglement, menaces avec un couteau et volonté de revenir. Les efforts pour garder le contact, ils sont assez remarquables. Fausses tentatives de suicide. Aucune trace d'une quelconque cure de désintoxication, en dépit de ses affirmations répétées. 24 septembre 2004 : c'est l'échec de la rencontre de Livanche : Denis accepte de rencontrer Lahsen dans un endroit neutre, sur l'invitation de la famille de Lahsen mais le soir même, dans sa lettre à son avocat, Denise dit qu'elle veut poursuivre le divorce. Persuadée qu'il n'a pas changé, ne croit pas qu'il a arrêté l'alcool. C'est de ce moment que datent les faux mails de Marthe Richard : "Il a fait des efforts, vous devriez vous remettre avec lui, il vous a soignée…" Ce sont des messages culpabilisants. Quand Denise croit correspondre avec Marthe Richard, elle parle de la violence, du fait qu'elle l'a entretenu. Parenthèse de l'avocat, je ne sais plus par quel enchaînement d'idées. Amegouz dit – pour sa défense - qu'il devait faire l'amour à Denise malgré la poche qu'elle avait sur le ventre pour évacuer ses selles. (À l'époque où elle était très malade et où il s'occupait d'elle plus que n'importe qui d'autre l'aurait fait). Elle l'aurait même obligé à embrasser son orifice : ce serait pour ça qu'il se serait mis à la boisson. Ses efforts vont réussir. Octobre 2004 : Denise renonce au divorce et reprend la vie commune à Illkirch. Amegouz, pour expliquer la dispute qui entraîna la mort de Denise, parle d'une carte postale où il aurait été écrit "Lahsen aime Marthe" mais cette carte semble être une totale invention : où est-elle ? qui l'a vue ? L'a-t-il écrite ou reçue ? a-t-elle été envoyée ? On ne sait pas. On va essayer de mettre entre parenthèse le discours de M . Amegouz, pour essayer de savoir ce que l'on peut savoir. Les témoins de l'appartement du dessous ont dit le soir du 29, quelqu'un est rentré à 4h du mat et a fait du bruit jusqu'à 5 heures du matin. Qu'a-t-il fait ? Est-il sorti une autre fois ? Constats d'expertise médicale : aucune trace indiquant que Denise a frappé Lahsen. En revanche, on constate une avalanche de coups portés sur sa femme. Au visage, au minimum 4 ou 5 portés avec force. La projection de sang sur les murs et sur les meubles témoigne de coups portés alors qu'elle saignait déjà au visage. Trois plaies du cuir chevelu à trois endroits différents. Deux explications : soit un objet contondant, soit projection répétée contre un plan dur (et non le sol revêtu d'une moquette profonde). Thorax : fractures des côtes, ecchymose, lésion interne. Deux hypothèses : soit des coups violents, soit une compression de la paroi thoracique (quelqu'un assis sur elle). Trois hypothèses pour la cause du décès : la suffocation active (soit bouche et narines bouchées, soit en pesant sur le thorax à cause de sa surcharge pondérale ou d'une personne assise, soit encore les deux); la suffocation passive (avec le sang qui inonde le larynx). Mais ça peut être aussi les trois ensemble. Face à ça, Lahsen Amegouz n'a pas cessé, il n'a pas cessé de s'adapter. Dans ses déclarations, il parle d'un seul coup de poing, puis plusieurs coups. Elle serait tombée contre la barre métallique du lit, il conteste les lésions au thorax puis il reconnaît être tombé à genoux sur elle. Il y a aussi la question de la trace du pouce dans la joue : là aussi il s'adapte en fonction des experts. Il faut expliquer tout ça. Ça n'a strictement aucun sens. Chronologiquement ça ne s'explique pas. Il était ivre le 31, mais l'était-il au moment du meurtre ? (L'avocat général s'énerve) Ce n'est pas le sang qu'elle avait dans la gorge qui l'a étouffée, faut arrêter, faut arrêter ! Lahsan Amegouz n'est pas courageux, il est faible de caractère, il a le sens de la victimisation, il est égocentrique. On peut parler d'une hypertrophie du moi. Vous ne pouvez pas ne pas être frappé de la façon dont il conteste certains témoignages : c'est fou. Ce procès, c'est une histoire rocambolesque d'une amourette née sur Internet, suivie d'un mariage précipité entre un homme et une femme de 20ans plus âgée que lui. Il y a une loi de 2006 – elle est postérieure aux faits et ne s'applique donc pas – il y a une loi de 2006 qui dit qu'un meurtre entre époux est une circonstance aggravante : perpétuité. Pas de préméditation mais acharnement, répétition et violence. Mais gravité de l'acte. Je demande 20 années de réclusion criminelle, interdiction des droits civiques et civils pendant 10 ans, et évidemment l'interdiction du territoire français. La pause L'avocate de la défense accepte une pause d'une quinzaine de minutes, tout le monde sort. Devant la machine à café, je retrouve mon témoin à la moustache blanche. Il a un ami qui a épousé une Marocaine mais elle n'est pas violente ! Faut dire qu'elle ne fait pas le poids, ajoute-t-il avec un sourire entendu et je m'imagine déjà le gros Alsacien joufflu au centre Kronenbourg… Je sors fumer une cigarette. Le fils homosexuel sort un peu après moi, s'allume lui aussi une clope. Il a les traits tendus. Ce doit faire très court ce procès de quatre jours alors que ça fait quatre ans que l'affaire est en cours non ? Non en fait c'est interminable, c'est un procès interminable, ils n'en peuvent plus d'attendre, de réentendre des choses qu'ils connaissent déjà par cœur, ils ont hâte que ce soit fini. J'aurais aimé discuté un peu plus longuement avec lui mais le procès va reprendre. Il jette sa cigarette dans un fourré et retourne à l'intérieur. Dommage. Je rentre à mon tour mais il y a encore un peu d'attente. Deux policiers sont là. Vous êtes toujours en fonction ici ou c'est un roulement ? C'est un choix… Je pose aussi la question du bâtiment : il a été construit il y a un ans, il était censé être provisoire le temps de la rénovation de la salle du Quai Finkmatt, mais il va durer au moins dix ans. Faut voir dans quel état, ajoute quelqu'un. Puis les policiers lancent des pronostics sur la durée de la paine que l'accusé va prendre : 16ans pour l'un, un peu moins pour un autre. Ils évoquent ensuite son comportement en dehors de la salle : il dit qu'il a du mal à marcher ou à se baisser pour entrer dans la voiture à cause de son arthrite, mais on l'a vu marcher normalement… Quand j'entre enfin dans la salle, je fais remarquer à un autre policier que la température est plutôt fraîche. Oui, c'est le Président qui veut ça, il a toujours chaud. Ah, si c'est le Président… Puis deux mots avec un autre policier sur la température plutôt fraiche de la salle : c'est le président qui a toujours chaud. "Ah, si c'est le Président…" Plaidoirie de la défense La grosse avocate de la défense se démène pour la défense de son client :elle se déplace, s'adresse directement aux jurés : bref, avec elle on a un peu plus l'impression d'assister à une série américaine. Mesdames et Messieurs les Jurés, je vais vous poser une question. Vous avez vu cet homme livide, hagard, répondant du bout des lèvres. Il répond un peu n'importe quoi, et je ne dis pas le contraire. Et je donnerai un seul exemple pour montrer qu'il est hors du temps… Est-ce que vous pouvez imaginer un instant que c'est cet homme-là qui a pu susciter tant de passion ? (récite un extrait de lettre pas cœur, monte le ton, dramatise). Moi je suis arrivée un peu tard sur l'affaire… J'ai toujours vu M. Amegouz dans cet état de léthargie. Et c'est celui-là qui aurait pu la passionner ? Elle le désigne vigoureusement du doigt. Et je peux vous garantir que ce n'est pas un rôle qu'il joue. Comment ce drame a-t-il pu se produire ? On a parlé – je ne vais pas m'attarder beaucoup sur sa biographie, si ce n'est pour dire qu'on l'a qualifié de rebelle. Je m'étonne, M. l'avocat général, que vous disiez que… C'est vrai que depuis qu'il est en Europe, et ça on le lui a reproché, il ne fait rien, c'est un fainéant ! (élève la voix). Dire qu'il n'a pas cherché de travail, c'est faux aussi. On n'a pas épluché tous ses e-mails, ça aurait pris un an ou deux jours d'audience de plus. Alors bien sûr, bien sûr que Denise a des revenus que lui n'a pas… Tout de même ce n'est pas aussi simple que ce qu'on a pu dire. Je tiens à rétablir un peu la vérité. Je ne suis pas, quant à moi, du tout passionnée d'Internet mais il me semble quand même que les personnes qui utilisent Internet parlent à plusieurs personnes en même temps. Je crois qu'il faut se garder de disséquer chacune des déclarations de celui-ci. Je pense que Lahsen Amegouz a vraiment aimé Denise Steigle. Il y a eu une parfaite abnégation pendant cette période (où Denise était malade) de Lahsen Amegouz qui ne s'en plaint pas. La scène de décembre 2002… Vous savez, je vois dans cette affaire des scènes qui sont rapportées. C'est vrai qu'après le drame qui est survenu on a tendance à réinsérer dans la continuité. Il est jaloux du premier mari. Il y a – et cela nous le savons – pendant la maladie, ce n'est pas facile de se retrouver dans cet appartement, de vivre dans ce climat, dans cette maladie, dans ces odeurs. C'est vrai, il va se mettre à boire et, à partir de là, c'est vrai, il va avoir des réactions, des réactions de colère. En fait, c'est simple, elle a besoin de lui comme lui, il a besoin d'elle. C'est évident que ce n'est pas facile de supporter l'alcoolisme d'un homme. Toujours est-il que lui se persuade qu'elle a des amants, moi je n'en sais rien. Et puis il y a ce Bernard : l'a-t-elle rencontré ? Ne l'a-t-elle pas rencontré ? Et voilà que Denise va vouloir - sous la pression de la famille ? – renouer avec lui. Vous savez on a, dans ce dossier, dans ce qu'elle a écrit, notamment à ce Bernard, elle dit : "Je suis là, dans ma famille, mais je ne peux pas tout dire, parce qu'ils ne peuvent pas m'apporter ce que je demande." Alors, pfff, vous savez, que va-t-il se passer ? Que va-t-il se passer, c'est difficile de le savoir exactement. Toujours est-il qu'il va être jaloux, moi je n'en sais rien. Il tombe sur ses messages sur son ordinateur, quelques jours avant qu'ils le fassent réparer. Il y a des scènes. Vous savez, je suis comme vous, M. l'avocat général, cela m'est difficile comme vous de combler les trous. Ce jour-là, après les courses, elle est partie sans explication, il attend en fumant énormément, et avec un verre de vin. Elle revient, explications, et il se passe quelque chose qui va amener le drame. C'est dans cette chambre d'amis ou quel que soit le nom qu'on lui donne, que les faits vont se dérouler, là où il dort. Attitude surprenant de la part de Denise : elle l'insulte, lui demande de partir, lui tire les cheveux. Lutte. C'est difficile parce que M. Amegouz a des souvenirs qui sont quand même assez flous. Mais je ne pense pas qu'il faut dire, M. l'avocat général, qu'il ment sciemment. Toujours est-il que les coups qu'il a portés… Vous savez, je ne crois pas qu'il faille accorder trop d'importance aux paroles qui ont été prononcées. C'est difficile cette reconstitution, très difficile. Vous savez, ça c'est mon opinion personnelle, c'est qu'il y a un décalage entre le Amegouz d'avant le drame et le Amegouz qu'on connaît maintenant. Mais pas par opprtunisme, mais parce qu'il cherche sincèrement. Moi je me pose des questions sur l'état intellectuel de M. Amegouz maintenant. On sait de façon certaine que ce ne sont pas les coups qui l'ont tuée. Alors Denise est là dans cette chambre. Que va faire M. Amegouz ? J'ai l'impression qu'avec M. Amegouz on peut lui faire dire un peu n'importe quoi, parce qu'il est dépassé par les événements. Alors oui il est conciliant. On ne peut tout de même pas dire de M. Amegouz que c'est un menteur. J'ai essayé quand même, avec difficulté, parce que j'ai entendu des fils de Mme Stegle qu'ils avaient entendu dire de cette Marthe Richard que M Amegouz avait dit avant l'affaire que tout serait bientôt terminé. Mais elle ne l'a jamais répété. Le juge se gratte la tête tout en écoutant l'avocate avec un stylo dans la bouche. Peut-être attendait-il plus de reconnaissance de Denise Stegle ? Je ne pense pas, Mesdames et Messieurs les Jurés, qu'on peut considérer qu'il a vraiment voulu tuer Denise Stegle. Moi je ne sais pas, je n'arrive pas à voir l'homme qui est décrit dans cette procédure. Je crois qu'il est l'ombre de lui-même, mais vraiment l'ombre de lui-même. Alors vous savez, c'est difficile, c'est difficile de juger cet homme. Il vous appartient, c'est une tâche difficile, d'apprécier la responsabilité de M. Amegouz. Le repas C'est la pause repas. Je me rends à la brasserie la plus proche, ils font un plat du jour pas trop cher. La famille de Denis Stegle vient s'asseoir à une table juste à côté : les deux frères, l'avocat et une femme. L'huissier ne tarde pas non plus, en habitué, à s'installer à une table un peu plus loin : il est en jeans et pull noir sous sa robe. La famille de la victime discute du combiné téléphonique qui aurait disparu, du fait que les numéros du téléphone fixes n'ont pas tous été étudiés, qu'on aurait pu approfondir tout ça… Quand je pars, après avoir feuilleté les pages Faits Divers des DNA, je me rends compte que l'av ocate de la défense et sa jeune assistante était là elle aussi. On se retrouve tous peu de temps après dans le Palais de Justice à attendre l'ouverture de la salle. L'avocate est très détendue, elle plaisante même un peu avec les fils de la victime. Elle a revêtu sa robe noire d'avocat et arbore un sac Channel assez voyant. Puis la porte s'ouvre et ce sont mes dernières minutes du procès. La Parole à l'accusé Le Président : M. Amegouz, nous arrivons au terme de votre procès. Et c'est vous, M. Amegouz, qui allez terminer ce procès qui est le votre parce que c'est vous qui allez avoir la parole, et ceci sans être interrogé ni interrompu. Cette parole vous est donnée pour que vous ajoutiez quelque chose à ce qui est déjà été dit. Ce n'est pas pour répéter ce qui a été dit pendant les soixante-quinze minutes de la plaidoirie de votre avocate. C'est compris M. Amegouz ? - Oui Monsieur le Président. - Monsieur Amegouz, avez-vous quelque chose à ajouter à votre défense ? - Pour ma défense ? Non Monsieur le juge. - Très bien, les débats sont clos. - Pardon Monsieur le juge, mais j'ai pas bien compris la question. Je voudrais m'excuser et… Il continue vaguement sa phrase mais personne ne l'écoute et le Président s'adresse aux jurés. - Vous devrez répondre aux questions suivantes : M. Amegouz a-t-il porté des coups sur Mme Denis Steigle ? etc. Les jurès se retirent dans une pièce où personne ne pourra entrer avant qu'ils aient délibéré. Nous nous levons et nous retirons à notre tour. Je n'ai pas le temps d'attendre, j'apprendrai la peine le lendemain, dans les DNA.
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