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Xelias
5 mars 2009

Paradoxes esthétiques

Image_5 Après une courte rêverie sur l'errance inspirée par Kurosawa (premier paradoxe ! Il n'est pourtant ni Wim Wenders ni Antonioni...), Nanni Valentini et ses céramiques sorties tout droit d'une glaise primitive et immémoriale. Plus avant encore, il y eut les enluminures mystiques de l'Apocalypse de Beatus de Liebana. J'y parlais de mon attrait pour un art sacré plutôt antique ou médiéval que post-Renaissance, trop décoratif selon moi. Le point commun de tout cela ? Je me découvre un goût pour la rêverie - rêverie au sens fort, bachelardien, une rêverie inspirée par les éléments, l'eau, la terre, le feu, l'air. Un côté "au-delà des élégances de la civilisation, nous sommes tous des fils de la terre." Une mystique liée non pas à l'hermétisme ou à l'allégorie mais à un sentiment du sacré, du mystère, de l'anigme posée par notre simple présence sur terre. il semblerait bien, finalement, que je n'aime pas l'art classique... gauguin1 Que mon histoire de l'art à moi s'arrêterait avec les raffinements du gothique international (pour ne par parler de la renaissance et de la perspective) et recommencerait avec les couleurs hiératiques de Gauguin et les Demoiselles d'Avignon. Les réponses que nous donne l'art classique ne coïncideraient pas avec les questions qui me hantent - sans que je puisse les formuler autrement que par des banalités comme "qui sommes-nous?" Comme si, pour moi, pour définir l'humain, l'échelle humaine ne suffisait pas. Il faut prendre la tangente, transgresser les frontières, sortir de nous-mêmes et retrouver l'inquiétante étrangeté de notre existence. Par le sacré, par le cubisme, par le primitivisme. Du XXème siècle je retiens plus Paul Klée que Lichtenstein, plus les formes minimales de Valentini ou Paul Serra que les installation post-Duchamps, trop intellectuelles à mon goût. Paul_Klee_Golden_Fish_15519 Dans un article sur la décadence demeuré célèbre, Jankélévitch associait la décadence avec les notions d'intelligence, le raffinement, l'ironie, le second degré, la perte d'énergie au profit de la subtilité. Dans quelle mesure le primitivisme et le minimalisme ne sont-ils pas à leur tour des poses ? d'ultimes sécrétions d'un XXè siècle occidentalisé et épuisé ? Je ne sais, mais j'y vois malgré tout plus de matière, plus de mystère - plus d'art ! - que dans un post-modernisme dont l'excès d'intelligence ne cache plus la morbidité fondamentale. (Il est certes fascinantde retourner un urinoir et de dire : c'est de l'art, mais ça ne nous mène pas très loin.) (Ou alors lisons Baudrillard pour comprendre et épouser jusque dans ses moindres conséquences l'absolue dissolution des valeurs de nos sociétés modernes dont moi, trentenaire homosexuel qui se pique de culture, je relève complètement.) serra_vortex
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Xelias
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