Pour mémoire (d'un ignorant)

Lecture on Nothing (texte de John Cage, jeu et mise en scène de Bob Wilson)

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Ce fut l'un des grands moments de Musica. Après quelques minutes d'une musique stridante et assourdissante en guise d'introduction, Bob Wilson lit la (apparemment) fameuse conférence sur rien, écrite par john Cage en 1949, dans un décor très blanc, avec des banderoles sur lesquels sont peint des extraits du texte. Ce texte a été composé plutôt qu'écrit : lors de sa parution, John Cage a réparti le texte sur les pages comme sur une partition, avec un rythme, des silences, des accélérations. (On peut le trouver sur google books !)

Le jeu est donc minimal, mais Bob Wilson déclame ce texte avec la prestance et la force nécessaire. Je suis allé voir sur Youtube où l'on trouve d'autres versions du même texte, certaines plus musicales, d'autres plus éthérées, mais Bob Wilson semble bien être celui qui s'imposait pour donner une existence quasi-définitive à ce texte (après John Cage).

Ceci posé, dire ensuite ce qu'apportent ce texte et ce spectacles en terme d'art, de modernité, de spiritualité... J'ai plus de mal à le cerner. Commencer une conférence par un "Je n'ai rien à dire et je le dis", ça donne un côté "Duchamp" : remise en question complète des notions de beau, de sens, de composition, et remise en questions des valeurs attachées à ces notions. Mais ce n'est pas un anarchisme complet, car il y a une beauté indéniable à ce spectacle, une beauté du rythme, des mots, et aussi de ce qui est exprimé. Il y a aussi beaucoup d'humour.

Peut-être qu'une part très importante de ce qui fait la place de John Cage dans la musique contemporaine, c'est son sens de l'humour et de la dérision ? Par son intérêt pour la philosophie zen, il a aussi évacué toute prétention (allant jusqu'à toute intentionnalité), sans parler de la part laissée au hasard dans son oeuvre. Ce texte, c'est un peu comme un art poétique, comme un manifeste (mais sans la prétention de la plupart des manifestes).

En tout cas, j'avais assez fortement l'impression d'assister à un moment important de la création. Peut-être pas de la création en 2012, mais de la création en 1949 : Bob Wilson nous permet de revivre ce moment "en direct" si l'on peut dire.

Musica (7) : John Cage et Bob Wilson

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