Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Xelias
13 octobre 2008

Une journée dans ma vie (5/5)

photomaton_Ces lignes ont été écrites à Paris où m’ont conduit quelques rendez-vous professionnels. Mon emploi du temps fit que plusieurs heures séparaient chacune des étapes de ce court séjour. Et c’est là évidemment l’ennui le plus savoureux, celui que ne remplit plus rien, aucune activité quotidienne, aucune occupation routinière : détaché de tout, comme en suspens, je sors du métro deux arrêts plus tôt, je marche, je m’installe à la première terrasse venue, je fume une cigarette en sirotant un café, puis j’ouvre mon carnet. C’est un ennui d’outre-tombe. La vie de celui qui, angoissé par l’exigence de son ambition et déçu par les pitoyables productions de son esprit, tenté par le suicide et l’autodestruction, a comme survécu à cette mort imaginaire. Ne tenant plus au monde que par l’inertie de son corps et par un reste de vanité, poussé à agir par la volonté de ses proches mais indifférent à ce que la vie lui réserve – en bon comme en mauvais. Je n’ai rien, je n’espère rien, je ne crains rien, je suis libre. Mais je n’ai pas de passion. Libre de m’ennuyer. Parfois je me sens tel Achille reclus dans sa tente, dans l’espoir peut-être d’en sortir un jour pour pousser son cri terrifiant ? Mais quand cette prétention me vient, je resonge à ma médiocrité et aux nombreuses déconvenues auxquelles elle m’a déjà exposé par le passé, et je me jurs que l’on ne m’y prendra plus. Et je retourne à mon ennui. Il faut, peut-être, avoir parcouru Le Cioran pour comprendre de quoi je parle. Avis à ceux qui n’ont pas encore plongé leur regard dans la vanité, la vacuité, l’absurdité et l’indifférence radicales de la vie humaine et de ses rites.
Publicité
Commentaires
Xelias
Publicité
Publicité