Musica (8) : Hans Zender

Pour mémoire (d'un ignorant)

L'ensemble Modern joue deux oeuvres de Hans Zender.

Issei no Kyô (2008-2009) : une chanteuse interprète un poème qui est apparemment déconstruit (il est en quatre langues et des bouts de phrases de ces quatre versions alternent, se coupent, etc.). Le tout fait très "contemporain" (dans un sens un peu négatif pour moi) même si quand même assez vivant et assez varié - avec notamment une flûte piccolo jouée par un intérpète qui se déplace dans plusieurs endroits dans la salle, du côté du public.

"33 Veränderungen über 33 Veränderungen" (2011) : interprétation composée sur les Variations Diabelli, de Ludwig van Beethoven. Hans Zender part des variations Diabelli pour broder, s'éloigner, jouer, y revenir, etc. Ce fut pour moi un des grands moments de cette édition de Musica. Un véritable enchantement, débordant d'invention, d'humour aussi. Avec des va-et-vient entre tonalité (j'imagine des citations de Beethoven ou peut-être même d'autres) et atonalité. Avec un accordéon au milieu de l'orchestre ! Et vers la fin, un piano qui joue vraiment de Beethoven, mais ce piano est situé dans une pièce à côté avec la porte ouverte, et un dialogue s'instaure entre ce piano et l'orchestre. Tout le morceau est sous le signe de ce dialogue musical entre le plus classique et le plus contemporain, et tout ce qu'il peut y avoir entre les deux.

J'ai été étonné de voir que c'est le même compositeur qui a créé les deux oeuvres. J'ai été encore plus étonné quand j'ai vu Hans Zender monter sur scène : un petit vieux de plus de 80ans, à l'air tout à fait sympathique. Qu'un homme aussi âgé puisse, à con âge, composer une oeuvre débordant de vitalité, d'inventivité et même d'humour, ça force l'admiration.