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Xelias
26 octobre 2009

Mother, de Bong Joon-ho (2009) 4/4

19100510

     8. Epilogue

C’est la fin de l’histoire. On voit ce que les personnages sont devenus, quels sont leur « arc de caractérisation » (leur évolution tout au long du film), et on découvre aussi les thèmes du film : ce sur quoi portait l’histoire. Ici, bien sûr, c’est sur la relation mère-fils et sur l’ambiguïté de leur relation (même si je pense qu’une analyse plus serrée permettrait d’être plus précis à ce sujet).


- le fils est libéré. Son ami l’attend avec une belle voiture toute neuve (grâce à l’argent de la mère). Sur le trajet, ils font un arrêt pour voir les ruines fumantes de la maison du vieil homme.

- Le fils mange avec sa mère. Il dit qu’il sait pourquoi le meurtrier a mis la lycéenne sur la rambarde sur le toit de la maison : c’est parce qu’elle n’était pas encore morte, pour la montrer à tout le monde et que quelqu’un puisse s’en occuper… Mais la mère préfère qu’il se taise.

- La mère part en voyage en bus. Le fils lui remet sa boîte d’acuponcture qu’il a trouvée dans les cendres de la maison du vieil homme. Mais il ne fait pas le lien…

- Dans le bus, tout le monde danse (c’est visiblement un voyage organisé) sauf la mère. Mais elle se fait un point d’acuponcture et elle se met à danser elle aussi.


Pour finir, quelques petites remarques sur les « plants » et « pay-off » du films. C’est-à-dire ces éléments qui sont distillés au début ou tout au long du film, l’air de rien, et qui se trouvent jouer un rôle important par la suite.


La scène d'ouverture du film, pendant le générique, est un "plant" un peu particulier : on y voit la mère marcher dans un champ de blé doré puis, arrivée au premier plan, se mettre à danser en alternant les rires et les larmes. C'est très étrange, elle a l'air un peu folle, sans être dénuée de grâce. Le spectateur se rendra compte au cours du film que cette scène a lieu en fait bien plus tard, lorsque la mère revient de la bicoque du vieil homme qu'elle a incendiée (si je me souviens bien), même si, à ce moment-là, on ne la voit pas danser. Cette scène, comme presque toutes les scènes d'ouverture, donne la "clé" du film : non pas la clé du mystère, mais au sens musical. En dépit de son intrigue policière, c'est avant tout le portrait de cette femme qui importe, à mi-chemin entre la folie et la grâce...


Le début du film, avec la scène du golf, en comporte au moins trois :

- le rétroviseur cassé, qui guidera plus tard la mère sur la fausse piste de l’ami

- les balles de golf que ramasse le fils et dont on en retrouvera une sur le lieu du crime (et qui s’avèrera à la fin être un véritable indice, et non plus un faux mis là par quelqu’un d’autre)

- le club de golfe que l’ami avait volé en cachette : la mère, comme le spectateur, pense avoir trouvé là l’arme du crime, mais là encore, c’est une fausse piste.


Ce n’est pas très subtil mais tout le film joue sur des allusions à un certains « JP le fou » : au premier acte, le commissaire dit qu’il n’a pas le temps de s’occuper du fils car il a déjà d’autres affaires sur les bras, dont la fugue d’un certain JP. Et au troisième acte, les enfants, puis les lycéens, révèlent que la lycéenne couchait avec un certain « JP le fou ». Le spectateur un peu attentif fait rapidement le lien (c’est fait pour) et se dit que c’est peut-être ce JP qui a fait le coup. Le scénario l’oublie un peu par la suite, mais c’est pour mieux le retrouver à la fin, quand la police l’accuse du meurtre de la lycéenne. Mais le spectateur a appris depuis que c’est bien le fils le coupable : donc ces indices étaient une fausse piste qui s’est avérée une vraie piste.


Deux autres « plants » :

- les saignements de nez de la lycéenne, qui se révèleront accabler ce pauvre JP

- les conseils de la mère à son fils de ne laisser personne le traiter d’idiot. Or c’est parce que la lycéenne l’a traité d’idiot que le fils s’est soudain mis hors de lui et lui a lancé la pierre…


A noter quand même que tout le film repose sur l’ellipse de la scène du meurtre. Or, lorsqu’on suit le fils rentrer chez lui la nuit, croiser cette lycéenne, la draguer un peu lourdement puis abandonner, rien ne laisse supposer qu’il y a ici une ellipse importante. C’est justifié par le fait que le fils a une mémoire plus que défaillante, mais malgré tout, le procédé est à la limite de l’honnêteté vis-à-vis du spectateur. Mais bon, tout est dans le contrat de lecture du spectateur : à la fin, il comprend que le réalisateur lui a « menti » mais qu’il aura fallu ce mensonge pour l’embarquer dans l’histoire. La motivation l’emporte sur la vraisemblance..

 

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Xelias
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