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Xelias
2 octobre 2010

Pensées sans conviction

Longtemps je n’ai pas aimé le café. Puis je me suis dit un jour : si certains aiment le café, pourquoi pas moi ? J’en ai bu, et j’ai fini par aimer le café. A la même époque, la musique classique m’ennuyait profondément. Mais à force d’en écouter j’ai fini par découvrir certaines subtilités, par entendre des émotions, par l’aimer. Et ainsi de suite jusqu’à former en moi un étrange éclectisme que je n’ai jamais vraiment su distinguer d’une forme de faiblesse d’esprit.

Toutes choses étant égales par ailleurs, pourquoi en préférer une plutôt qu’une autre ? Si certains peuvent aimer la musique contemporaine, pourquoi pas moi ?

A l’inverse, l’exclusivité des passions m’a toujours étonné : tel de mes amis aime le cinéma à la folie mais n’a jamais ouvert un livre de sa vie. Tel autre vénère la littérature et méprise la bande-dessinée. L’ami qui m’a fait découvrir les mangas japonais ne mettra sûrement jamais les pieds dans un opéra. Pour eux, ces exclusivités sont logiques : on ne peut aimer une chose et son contraire. Et moi, je suis d’accord avec eux tous.

J’ai fait mienne cette phrase prononcée dans la Règle du Jeu, de Renoir : «Ce qui est terrible dans la vie, c’est que chacun a ses raisons.» Et cette morale est à la fois ma libération et ma malédiction. Je suis comme libéré des barrières arbitraires dont chacun a besoin pour construire son identité, sa subjectivité. J’ai renoncé à me définir par mes goûts, mes haines et mes passions - mais que me reste-t-il ? Aux êtres sans œillère ni passion, il reste la contemplation du spectacle du monde.

- Mais je dis cela sans conviction, bien sûr.

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Xelias
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