La vie dans un collège de banlieue (5/7)

Cinquième Partie : le manteau Moi : Pourquoi est-ce qu'ils ne veulent pas enlever leur manteau ? C : Parce que, euh, François Dolto l'a dit, hein ? C'est le complexe du "homard". En fait l'adolescent est heureux dans sa merde, dans sa crasse, sa bonne odeur de chien. Et il s'y réjouit ! Il est là dans son ignoble doudone : "Ah je sens bon et tout, je suis bien en tête à tête avec moi-même." C'est ça l'adolescence. Donc en général ils ont une sorte d'ignoble pelure affreuse. En général, plutôt treillis, hein ? Motif treillis, c'est seyant. un jogging motif treillis. Il faut s'imaginer ça. Et au-dessus, une pelure. Et parfois juste un... Une espèce de, de maillot, en fait, de tee-shirt, avec au-dessus, juste la pelure de treillis, hein ? Quelle élégance. Donc ils se trimballent avec ça. Et quand tu leur demande d'ôter leur manteau, c'est un peu comme si tu demandais à un gentilhomme d'ôter son épée, tu vois ?, donc là il est pas content. Et, en général, il sert des excuses. La première excuse, la plus courante, c'est : "C'est pas un manteau, c'est une veste." Là, que voilà ? voici le dictionnaire ! Hein ? "Et tu le copies deux fois. Et si tu le répètes encore deux fois, tu le copies six fois, et huit, etc." Deuxième excuse : "Mais lui il ne l'a pas ôté !" "Ah, je dis, c'est concept, hein ? Ah ben dis donc, quelle bonne réponse ! Tu enlèves ton manteau !" Voilà. Et en, en général, si vraiment en désespoir de cause ils refusent d'enlever leur manteau, tu dis : "Donc vous êtes en train de refuser d'ôté votre manteau, qui, je vous le rappelle, dans le règlement, est passible de...." Et comme ils ont jamais en général les couilles de dire : "Ah ouais, je veux pas ôter mon manteau", ben ils ôtent leur manteau comme, comme des pauvres gars. Ou alors tu dis : "Ben c'est pas grave on va rester debout, hein ? Moi ça va, je peux... j'ai de bonnes jambes et tout, pas de varices, tout ça, on reste debout." Et les autres lui disent : "Tu vas ôter ton manteau, bouffon?" Et il ôte son manteau. Mais, c'est sa petite tente, qui sent bon le suint, la bonne sueur. Les casquettes, ça il les ôtent de toute manière dans... à l'entrée du collège. On accepte pas un gars avec un couvre chef. Et un truc qui est efficace aussi, c'est Laurent qui m'a appris ça aussi, c'est le "qu'est-ce que tu dis ?" Réponse, tu viens de faire une remarque, un truc comme ça et le gars : "Ouais, mais euh..." "Qu'est-ce que tu dis ?" Et là, j'en ai vu des, même des grands comme ça qui restaient tout interdits. "Ca n'a pas de sens, vous ôtez ça, c'est clair ?" Et ben ils l'ôtent. Miracle, ils l'ôtent ! Youpi, tout va bien. Nan, c'est... Ou bien, le fameux : "Je crois que vous êtes en train de me répondre." "Alors maintenant tu te tais." "Ouais hé, euh...." "Nan. Nan, nan, nan, je crois que vous êtes en train de me répondre." Et l'autre : "Mais non je réponds pas." "Oh !" (rires). Donc voilà.